On résume trop souvent la psychologie positive à une philosophie du bien-être qui consisterait à trouver en toute chose, quelque chose de bon. Pourtant la psychologie positive va bien plus loin que la simple méthode Coué. C’est une discipline scientifique à part entière, qui repose à la fois sur un important socle d’études menées par des chercheurs et sur différents courants de praticiens, qui l’appliquent dans des approches individuelles et collectives.
Alors que la psychologie « traditionnelle » s’intéresse davantage aux dysfonctionnements de l’esprit humain, la psychologie positive s’attache, elle, à comprendre ce qui le rend heureux, en analysant les différents mécanismes du bonheur. Les recherches en psychologie positive étudient les ressorts et les motivations des individus en prêtant une attention particulière à leurs relations entre eux. Il s’agit, par exemple, d’observer les effets de la coopération sur les individus.
Cette approche de la psychologie est ainsi particulièrement riche pour éclairer les pratiques managériales et la gestion des ressources humaines. Quelles sont les découvertes que la psychologie positive a révélé sur le fonctionnement de groupes et les effets sur l’épanouissement professionnel ? Quels éclairages apporte-t-elle pour faire progresser le travail à ses différents niveaux d’interactions pour les collaborateurs, les managers et les services RH ?
Un nouveau courant scientifique
Commençons tout d’abord par quelques repères historiques et la précision des principaux concepts pour mieux comprendre…
Martin Seligman est reconnu comme le père fondateur de cette nouvelle discipline en 1998. Son objectif est d’apprendre aux individus à développer leurs propres forces et ressources psychologiques. Il observe qu’une vie heureuse s’appuie sur 3 piliers fondamentaux et indissociables : une vie sensée, une vie alimentée par de bonnes émotions et une vie engagée.
La psychologie positive repose sur l’analyse des émotions positives. Les émotions positives sont les sentiments qui vont agir favorablement sur le bien-être et aussi sur les motivations.
La discipline s’est construite grâce à différentes recherches et différentes études organisationnelles qui se sont attachées à comprendre comment les individus interagissent positivement entre eux, pour la réussite de leurs missions.
Ces recherches ont permis d’analyser en particulier le principe héliotropique, c’est-à-dire « la tendance de tous les systèmes vivants à se tourner vers ce qui donne la vie et à se détourner de ce qui la fragilise, à se rapprocher de l’énergie positive et à s’éloigner de l’énergie négative » (Cameron et Spreitzer, 2011). C’est cette capacité qui permet à l’être humain de valoriser les bonnes choses et de mobiliser son énergie vers le positif.
Chez Optimize, il nous semble évident que la psychologie positive a toute sa place dans les pratiques managériales. Ses enseignements nous permettent en effet de mieux comprendre les mécanismes favorables à l’épanouissement individuel et à la performance collective. Observons ensemble comment elle peut s’appliquer dans les parcours professionnels, aux différents niveaux de l’entreprise.
Pour les collaborateurs
La psychologie positive repose tout d’abord sur une meilleure connaissance de soi. Il s’agit de prendre conscience de ce qui nous affecte positivement, pour chercher à retrouver des conditions favorables pour notre épanouissement. Elle nous aide à « écouter nos moteurs » et à mieux comprendre les clés de notre épanouissement personnel, en déterminant ce qui compte pour nous sentir bien.
Dans la vie professionnelle, la célèbre citation attribuée à Confusius ; «Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez plus à travailler un seul jour de votre vie » illustre bien les impacts de la psychologie positive sur l’épanouissement des collaborateurs. En permettant à chacun de mieux se connaître, elle aide à faire les bons choix, au fil de sa carrière pour être à la bonne place et réaliser des missions qui mobilisent le meilleur de soi-même.
On parle alors de motivations intrinsèques, c’est-à-dire de l’intérêt profond et personnel que nous pouvons développer pour nos activités en trouvant du plaisir et de la satisfaction dans l’accomplissement de nos missions et non seulement dans les récompenses extérieures, telles que la rémunération ou la reconnaissance. Plus ces motivations sont profondes, plus l’individu agit positivement.
La pratique de la psychologie positive permet d’écouter et de libérer ses émotions positives. En leur donnant plus d’importance, elles deviennent plus fortes et impactent davantage les actions individuelles, comme les projets collectifs. Analysez vos sources de plaisir pour les retrouver plus souvent. Fêtez vos réussites pour mieux intégrer les ingrédients de vos succès. Appliquée au quotidien, cette routine régulière permet à chacun de progresser et de contribuer positivement à la performance collective.
Pour les managers
Pour les managers, la psychologie positive prend une double signification. Elle peut s’appliquer à titre personnel ET dans son rôle d’encadrement d’équipe. Le manager doit nécessairement intégrer cette double dimension pour que cela fonctionne en totale cohérence.
A titre personnel d’abord, il est important de bien identifier ce qui lui apporte satisfaction dans sa mission d’encadrement. Malheureusement, encore trop de promotions internes vont propulser des salariés performants aux fonctions managériales, comme la suite logique de leur carrière. Ni la distinction statutaire ni l’augmentation de rémunération ne seront suffisantes pour garantir la réussite de leurs missions. Chaque manager devrait pouvoir prendre le temps d’analyser les motivations personnelles qui l’animent en tant que leader, pour pouvoir les développer au quotidien dans son lien avec les équipes qu’il encadre, comme dans ses relations avec ses pairs ou sa hiérarchie.
Ce travail personnel est une condition indispensable pour appliquer la psychologie positive dans la relation avec les membres de son équipe et favoriser les conditions de l’épanouissement individuel et collectif, à travers ce qu’on appelle le leadership positif. En effet, c’est la prise de conscience de ses forces profondes qui permet de mieux les cultiver dans son rôle d’encadrement. La psychologie positive s’attache aussi à mieux valoriser les réussites de l’équipe pour augmenter la créativité et l’engagement de chacun dans l’objectif commun. Elle aide à mettre en place des conditions favorables pour développer l’échange, la confiance, et l’entraide en renforçant la fréquence des signes d’encouragements et de reconnaissance.
En intégrant la psychologie positive dans les méthodes de management, on favorise des relations de coopération entre les membres d’une équipe. Cette attitude générale va reposer sur la valorisation des qualités individuelles et l’optimisation des complémentarités au sein de l’équipe plutôt que sur le développement d’un esprit de compétition interpersonnelle. En favorisant le déploiement d’un climat de confiance, on met chacun en condition de déployer sa créativité pour apporter des solutions aux problèmes à résoudre.
Dans tous les cas, la psychologie positive va aussi augmenter le niveau d’écoute au sein de l’équipe en mettant en place les conditions favorables pour que les collaborateurs puissent s’exprimer naturellement, sans frein. Elle s’accompagne de feedbacks réguliers qui s’appuient sur une communication non violente et positive pour signifier la prise en considération des tâches et missions des collaborateurs dans la performance de l’entreprise.
Pour les RH
Alors que le désengagement des salariés est devenu une problématique stratégique majeure, la psychologie positive amène les RH à non plus se contenter de lutter contre le désengagement, mais à agir directement sur les leviers de l’engagement, en s’attachant à mieux comprendre les motivations réelles des équipes. Les principes de cette discipline aident les directions des ressources humaines à mieux comprendre les motivations profondes de leurs collaborateurs et donc à identifier les bonnes conditions de leur épanouissement.
La responsabilité des RH est indispensable pour que la psychologie positive puisse s’intégrer efficacement dans l’entreprise et devenir un véritable levier de progression. Il s’agit de jouer un rôle moteur pour faire adopter cette approche au sein de l’entreprise à tous ses niveaux. N’oublions pas que la joie est communicative. C’est pour cela qu’il est important d’intégrer l’optimisme et la gaieté dans la culture de l’entreprise.
En intégrant la psychologie positive dans les moments clés animés par les RH, qu’il s’agisse des procédures de recrutement, d’onboarding ou même les différents entretiens d’évaluation, elle prendra naturellement sa place pour participer directement au développement positif de l’organisation. Ces moments clés sont en effet autant d’occasions d’améliorer le niveau de confiance au sein de l’entreprise, pour permettre aux managers et aux collaborateurs d’évoluer plus sereinement et de renforcer leur cohésion.
La psychologie positive en entreprise est donc une démarche globale individuelle et collective. Bien loin d’être un concept théorique, cette approche repose sur les motivations concrètes et personnelles des différents individus qui composent les organisations. C’est pourquoi, elle ne pourrait se résumer à une méthode toute faite mais doit réellement s’adapter précisément aux spécificités de chaque structure et de leurs membres pour déployer tout son potentiel. Ce n’est bien évidemment pas une solution miracle mais un principe à adopter dans la durée pour avoir des effets tangibles sur la performance de l’organisation.